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L'Afrique doit faire le bilan de ses besoins avant de dresser un plan de coopération avec la Chine (Expert) Genre d'article: Reproduction Source:xinhuanet.com DAKAR, 4 avril -- Aïssatou Diallo, chargée de programme Afrique/pays émergents au sein de l'ONG Enda-Tiers Monde à Dakar, estime, dans une interview accordée à Xinhua, que le continent africain doit faire le bilan de ses besoins avant de dresser un plan de coopération stratégique avec la Chine. Pour cette experte, l'Afrique a besoin d'industrialisation, d'accès à la technologie, de transfert de connaissance..pour se développer.
Où en est-on dans la coopération sino-africaine ?
Je pense qu'il faut essayer d'avoir une analyse beaucoup plus fragmentée de la situation. Parce que les relations sino-africaines, c'est d'abord les relations inter-étatiques. Par exemple, le président chinois Xi Jinping qui vient en Afrique et qui rencontre ses homologues africains, cela a une dimension inter-étatique, des relations d'Etat à Etat. Mais les relations sino-africaines sont aussi des relations inter-personnelles bien que cet aspect ne soit pas très visible. C'est des Chinois qui viennent vivre dans les différentes villes africaines. Et des Africains que l'on trouve dans des villes chinoises, des étudiants africains qui vont étudier en Chine etc. Donc, au-delà de l'aspect diplomatique, géo-stratégique que pourrait avoir la présence chinoise en Afrique, il y a une coopération culturelle qui s'installe. Car ce sont des peuples de culture différente, d'horizon différent et de langue différente qui s'entrecroisent. Ce qui montre de manière assez claire que les relations sino- africaines ont dépassé le stade de simple relation entre Etats.
Quel impact cette dimension culturelle peut-il avoir dans la coopération entre la Chine et l'Afrique ?
C'est la quête d'un ailleurs meilleur qui fait que les gens traversent les frontière et vont vers d'autres cultures, vers d'autres peuples. Et l'intégration sino-africaine aura lieu tôt ou tard. Car les enfants maliens, sénégalais qui vont naître et grandir en Chine se reconnaîtront plus dans la culture chinoise. Même chose pour les enfants chinois qui naîtront au Sénégal ou au Mali. C'est un déroulement logique des choses. Lorsque les gens se rencontrent, tôt ou tard, c'est l'interaction. Et cette interaction se traduit aujourd'hui, par des Sénégalais qui parlent chinois, des Chinois qui parle Wolof (langue nationale sénégalaise) . Cela parce qu'on a besoin d'une langue pour se comprendre. Et pour y arriver chacun apprend la langue de l'autre. Au-delà des chiffres, cette dimension humaine et bien implantée maintenant.
Quels peuvent être les attentes par rapport à la visite du président chinois en Afrique ?
Il appartient aux dirigeants africains de savoir exactement ce dont leur peuple a besoin. La question se pose : de quoi l'Afrique a besoin pour se développer ? On a besoin, par exemple, d'industrialisation, d'accès à la technologie, de transfert de connaissance etc. Et il appartient, une fois qu'on a fait le bilan de ses besoins là, de dresser un plan de coopération stratégique à l'échelle nationale, sous-régionale et régionale avec les partenaires comme la Chine, les puissances émergentes ou les autres partenaires qui viennent derrière comme la Turquie.
Les Brics sont-ils une alternative pour les pays africains ?
En 1955, lorsque les vingt-neuf pays indépendants ont organisé la conférence de Bandoeng, l'objectif était de mettre en place une coopération Sud-Sud qui soit neutre de toute influence idéologique. Mais malheureusement ces pays ne sont pas parvenus à leur objectif parce que étant enfermés dans un cycle économique hérité de la période coloniale, les contraintes internes etc. Quand on voit aujourd'hui ce qui se passe avec les puissances émergentes, on est optimiste. Mais, il est bien d'avoir plusieurs coopérations en même temps. Seulement, il faut que nous (Africains) sachions où est-ce que nous allons et comment nous nous positionnons. La question qu'il faut se poser avec les Brics est, maintenant qu'ils ( les Brics) ont réussi à se positionner sur la sphère internationale, vont-ils tirer les autres pays en développement ?
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